Anjou Pompes : Patrick Bécot, un patron solidaire face à la crise

Le 01/07/2010 à 13:00 par La rédaction

Patrick Bécot, PDG de l’entreprise Anjou Pompes Bécot SA dans l ’atelier de réparation.

Face à la crise, les entreprises ont souffert. Mais certaines ont décidé d’adopter une attitude responsable pour limiter la casse. C’est le cas d’Anjou Pompes Bécot SA. Patrick Bécot, PDG de cette entreprise familiale, privilégie la fidélité plutôt que la rentabilité, la formation des salariés pour la santé sociale de l’entreprise. Il a décidé de garder ses principes dans les moments difficiles en proposant de baisser son salaire, ainsi que celui de ses cadres, le temps de faire face. Aujourd’hui, l’économie reprend et il envisage l’avenir de l’entreprise avec confiance.

Le Journal des Fluides : Présentez-nous votre parcours professionnel

Patrick Bécot : J’ai commencé en 1974 comme réparateur de compteur d’eau à la suite de mon beau-père. À cette époque, je travaillais dans un local de 13m². Un an après, j’embauchais mon premier salarié. En 1979, j’ai racheté une société de réparation de moteurs électriques et de pompes. Je passais alors à une surface de locaux de 480 m². Deux ans plus tard, je fondais deux sociétés : la société Bécot, spécialisée dans les capteurs et débitmètres et la société Anjou Pompes, spécialisée dans les pompes. Je passais à 18 salariés. Je me suis ensuite formé grâce à l’enseignement continu à l’Ensam (École Nationale Supérieure d’Arts et Métiers), sur les pompes, via des stages et des formations régulières. En 1987, j’ai fait construire des locaux de 800 m² qui sont passés à 1400m² en 2004, dans une zone industrielle. Les deux sociétés ont fusionné en 2001 pour devenir Anjou Pompes Bécot SA. Le développement de la société s’est surtout fait autour de pompes centrifuges et volumétriques dans le secteur de l’industrie. Aujourd’hui, j’ai 27 salariés et nous travaillons dans la région du Grand Ouest de Brest à Châteauroux et jusqu’à Caen.

Les locaux actuels d’Anjou Pompes Bécot SA à Saint-Barthélemy d’Anjou.

JDF : Quelles sont les différentes activités de votre société ?

P.B. : L’entreprise s’occupe essentiellement de la réparation et la distribution de matériel technique pour l’industrie des fluides. Nous proposons des pompes centrifuges et volumétriques avec des marques comme Grundfos ou Milton Roy, des motorisations à variation de vitesse avec Leroy-Somer notamment, mais aussi de nouvelles marques depuis l’année dernière : Stubb, Varisco. Pour les pompes centrifuges, nous proposons également une gamme destinée à l’agroalimentaire avec la marque Hovap. Dans le domaine de la métrologie, nous distribuons des compteurs d’eau, des débitmètres, des capteurs de pression,… de marques telles que Krone, Ytron ou encore Baumer depuis 2009. Enfin, nous commercialisons des agitateurs, également de la marque Milton Roy. En plus de cette activité de distributeur, nous possédons dans nos locaux des bancs d’essais pour les compteurs d’eau et les pompes, qui peuvent fonctionner avec des débits de 600 m3/h et jusqu’à 16 bars. Pour la partie maintenance, nous nous occupons de toute la partie électronique : les moteurs et les pompes. En résumé, nous proposons des solutions pour tous les problèmes de fluides, de la motorisation au pompage, en passant par le dosage ou encore la débitmétrie.

JDF : Cela fait quasiment 30 ans que vous avez évolué dans le secteur des fluides, quels sont les préceptes qui vous ont permis cette ascension ?

L’hydro-force, qui a reçu le Grand Prix du Concours Lépine 2010, sur le stand de la Foire de Paris.

P.B. : Une des devises de l’entreprise est la suivante : « Plus on fait de pompes, mieux on se porte ! ». Dans les années 90, nous avions même fait une publicité avec quatre responsables de la société en train de faire des pompes pour l’illustrer ! Mais au-delà de la course à la rentabilité et au profit, j’ai choisi la fidélité aux marques. Pour moi, c’est important. Nous avons eu des trophées de partenariat avec certaines entreprises. Cela fait 20 ans que nous travaillons avec Leroy-Somer, 30 ans avec Krone. On ne change pas tous les quatre matins de fournisseurs. Une entreprise se fait sur le long terme. Une autre devise qui m’est chère est la suivante : « Le vrai moyen de gagner beaucoup est de ne jamais vouloir trop gagner, et de se voir perdre à gagner. ». Ce qui revient à faire plutôt de petites marges que de perdre un client. Au sein de l’entreprise, l’esprit est le même. Il y a une nouvelle donne aujourd’hui qui est celle de la RSE ou responsabilité sociétale de l’entreprise. Je pense par exemple que la formation des salariés est fondamentale. Elle est la clé de l’épanouissement personnel. Quand on est mieux formé, on est plus à l’aise dans l’entreprise mais aussi plus heureux dans sa vie personnelle. J’en ai fait l’expérience. Je ne le crie pas sur les toits mais je l’ai vécu. De la même façon, j’encourage mes salariés à prendre leur DIF (droit individuel à la formation), je leur suggère également de faire de l’anglais aussi bien pour eux que pour l’entreprise. Ces conseils découlent de mon expérience personnelle. On ne peut penser pour les autres que si l’on a vécu avant à la même place qu’eux.

Banc d’essai pour pompes dans les locaux d’Anjou Pompes Bécot SA. L’entreprise possède également un banc d’essai pour les compteurs.

JDF : Les dernières années de crise ont été difficiles pour les entreprises, comment y avez-vous fait face ? Quelle attitude avez-vous adopté ?

P.B. : En 2009, nous avons effectivement commencé à ressentir durement la crise. J’ai donc demandé aux cadres qui le pouvaient, ce n’était pas une obligation, de baisser leurs salaires pour la surmonter. J’avais baissé le mien en premier. Sept cadres de l’entreprise m’ont suivi. C’était en juillet 2009. Cela a permis une baisse des écarts qu’on avait pu déjà ressentir en 2008 par exemple. En février 2010, l’économie est repartie donc on a pu de nouveau remonter les salaires. Cette action au sein d’Anjou Pompes Bécot SA a permis sur la masse salariale totale de réaliser des gains sur la période et de limiter les pertes dûes à la baisse de l’activité. Cette proposition a été bien reçue. Il y a même eu une solidarité par rapport à cette initiative et des salariés non-cadres qui m’ont proposé de baisser leur salaire… Depuis le mois de mars et avril, on sent un peu la reprise. On a eu une augmentation de 15 % sur ces deux mois par rapport à l’année dernière.

JDF : Comment envisagez-vous l’avenir et quelles sont vos actualités ?

Une publicité d’Anjou Pompes Bécot SA dans les années 90 avec l’une des devises de l’entreprise.

P.B. : Nous sommes très confiants dans l’avenir. De nouvelles marques que l’on distribue depuis 2009 sont en plein développement : Stubb, Varisco, mais aussi Baumer. Nous les avons rachetées car nous avions besoin de ces marques, qui sont complémentaires avec nos autres matériels. Ce sont des constructeurs de qualité. Rappelons-nous que Baumer, ancien Bourdon, est l’inventeur du manomètre. Côté actualités récentes, nous nous sommes associés à un projet en cours de mise en oeuvre mais qui vient de recevoir une belle distinction. M. Paoli a déposé un brevet en 2010 sur un prototype qu’il m’a demandé de réaliser : l’hydro-force. C’est un appareil hydroélectrique réversible. Il associe une pompe et une turbine, fabriquant de l’énergie à renvoyer sur le réseau, pendant que la pompe est en marche. M. Paoli vient de gagner le prestigieux Grand Prix du Concours Lépine 2010 avec cette invention que nous devons développer cette année. Mais pour l’instant nous restons encore discrets sur le sujet avant la mise sur le marché prévue à la fin de l’année…

Paru dans Le Journal des Fluides N° 38 - Mai/Juin 2010

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