Édito Le Journal des Fluides n°65 – décembre/janvier 2015

Le 07/01/2015 à 8:23 par La rédaction

Méthane joue dans la cour bio

La première fois que je l’ai rencontré, c’était sur les bancs du lycée. J’étais loin d’imaginer l’importance qu’il prendrait dans ma vie. Dans la vôtre, la nôtre. Il était bien sagement aligné avec ses frères, par ordre croissant comme les Dalton : méthane, éthane, propane, butane, pentane, hexane… Il y avait déjà quelques vedettes dans la famille, comme butane et propane, qui, tels de grands crus, disposaient déjà de grosses bonbonnes bleues à leur effigie. Mais le petit dernier – le Mickael Jackson de la couvée- passait bien inaperçu avec son carbone unique. Trop facile à décrire en formule développée sans doute. Bizarrement, son frère à deux carbones lui était un peu passé devant : surprenant, en effet, que celui des deux qui a le moins de carbone ait le nom le plus long. Bref, je ne pensais pas le retrouver autant d’années plus tard, ce petit là.

Et puis, voilà que le bonheur des retrouvailles s’est invité avec « Méthane, le bio retour » en avant première mondiale dans le « Journal des fluides ». Pas tout seul, certes, en duo avec son cousin Dioxyde de carbone. Ensemble, ils ont fondé un groupe qui fait un tabac avec un joli nom : « biogaz ». Il parait qu’au début, ils s’enfermaient dans les décharges pour jouer en anaérobie. Leur truc, c’est la dégradation de matières organiques. Ils l’ont baptisée « méthanisation » en hommage à Méthane. Un tabac je vous dis ; aujourd’hui, les trois quarts de la production de biogaz en France sont obtenus ainsi. En plus, plus besoin de se cacher, ils jouent dorénavant dans des stades couverts construits rien que pour eux. En le débarrassant de ses impuretés et composants indésirables, le « biométhane » atteint une qualité similaire à celle du gaz naturel et peut être injecté dans le réseau. Un décret a même été signé en juin dernier pour favoriser son injection.

D’ici 2020, le biométhane pourra aussi être obtenu à partir de biomasse sèche et ligneuse par un procédé thermochimique de gazéification suivi d’une méthanation, la conversion catalytique de l’hydrogène et du monoxyde de carbone en méthane. A plus long terme, peut-être également à partir de micro-algues par dégradation biologique.

Prochain concert : le 26 février à Paris-La Défense, avec la présentation du nouvel album intitulé « Le rôle du biométhane dans la transition énergétique en France et en Allemagne ». Un tabac je vous dis.

Pierre Mitev

Rédacteur en chef