Biogaz : naissance d’une filière 100 % végétale

Le 24/08/2012 à 8:38 par La rédaction

La technologie développée par la société GreenWatt permet une biométhanisation sans adjonction d’effluent d’élevage. Elle est dotée d’un digesteur à haut rendement et environnement maîtrisé conçu pour booster l’action des microorganismes.Ce procédé ouvre la voie de la valorisation des déchets impropres à la consommation de l’agroalimentaire, la grand distribution et la restauration.

La particularité de la biométhanisation mise au point par la société belge GreenWatt repose sur le fait que cette technologie permet le traitement par méthanisation de tout type de déchets ou coproduits organiques, mono ou multi produits, sans apport d’effluent d’élevage comme c’est généralement le cas avec le lisier. Il devient ainsi possible de traiter des coproduits fruits/légumes ou épluchures de l’agro-alimentaire, grandes surfaces ou restauration, sans ajout nécessaire de déchets extérieurs, avec uniquement des matières organiques biodégradables. « La culture en champ génère 10 % de déchets, les fruits ou légumes pouvant être atteints de maladies ou mangés par les animaux, souligne Sylvain Panas, directeur général de GreenWatt Ingenierie. Par ailleurs, les pratiques de calibrage en excluent 10 % supplémentaires. Il y a donc un gisement important, la seule concurrence étant les débouchés en alimentation animale. » Directement installée sur le site industriel, l’unité de production de biogaz peut produire à la fois de l’énergie disponible sur place en autoconsommation et un digestat réutilisable comme amendement organique d’origine végétale tracé, valorisable en agriculture biologique. C’est d’ailleurs le cas à Moissac (Tarnet- Garonne) où a été installée la première unité en France. Conçue et installée par GreenWatt en collaboration avec Energie Bio Consult pour le compte du grossiste en fruits Boyer, cette centrale de bio-méthanisation unique en son genre fonctionne, selon la saison, avec des déchets de melons, de pommes et de prunes. Production combinée chaleur-électricité sur site Le géant français de l’industrie agro-alimentaire produit près de 25 000 tonnes de fruits par an, dont la majorité sous le label « Philibon ». En quête d’une solution économique- ment et écologiquement responsable pour valoriser ses déchets jusque là recyclés en compost et aliments pour le bétail, il s’est naturellement intéressé à cette solution innovante. « Nous sommes particulièrement fiers d’être la première entreprise française à investir dans cette nouvelle forme d’énergie verte », déclarait Claude Boyer, fondateur de l’entreprise à l’occasion de l’inauguration du centre en septembre dernier. « Le retour sur investissement de ce projet est d’ailleurs extraordinaire : alors que nous devions auparavant payer pour traiter nos 1 800 tonnes de déchets annuels, notre propre centrale de bio-méthanisation de 100 kW nous fournit désormais 1,7 MWh d’électricité, 1,68 MWh de chaleur et 500 tonnes de compost. » L’entreprise Boyer peut ainsi chauffer, éclairer et fournir de l’eau chaude aux habitations de ses travailleurs saisonniers alors que le restant de l’énergie est revendu à EDF. En outre, elle n’a désormais plus de frais de transport car la production combinée chaleur-électricité (PCCE) est installée sur le site de son usine. 900 MWe de puissance installée en France Economique, la solution est incontestablement environnementale, puisqu’en complément de la production d’énergie renouvelable, avec ou sans production électrique, et de la valorisation agricole, l’implantation sur site entraîne une réduction d’émissions de CO2. Selon les estimations, le potentiel pour l’hexagone s’élèverait à environ 9000 installations, soit une puissance installée de près de 900 MWe. Le procédé pouvant être également utilisé pour le traitement des algues vertes. Compte tenu de ce potentiel, et afin d’être plus proche et mieux servir le marché local, GreenWatt a implanté une filiale en France GreenWatt Ingenierie, basée à Avignon (Vaucluse). « Il est en effet crucial que le secteur de l’agriculture et de l’alimentation prenne conscience de la valeur stratégique de ses déchets et du rôle bénéfique de la bio-méthanisation en matière de développement économique et durable », soulignait à cette occasion Philippe Mengal, CEO de GreenWatt. La bio-méthanisation est un procédé naturel aujourd’hui bien maîtrisé. Il s’agit de la dégradation de matières organiques par des micro-organismes en l’absence d’oxygène, à l’abri de la lumière et dans des conditions bien spécifiques de température et de pH. Le biogaz ainsi produit est riche en méthane et peut, comme le gaz naturel, être brûlé pour produire de l’énergie dans un module de cogénération qui permet la production combinée d’électricité et de chaleur. Le « Flushing Anaerobic Digestor » (FAD), digesteur-méthaniseur à haut rendement Le procédé utilisé par GreeWatt est issus de recherches approfondies menées à l’université catholique de Louvain- La Neuve sur la digestion anaérobie de racines de chicorée et de tiges sur le principe de la double étape en séparant les phases acides et la méthanogénèse. Ce couplage inédit en deux étapes distinctes repose sur une acidogénèse réalisée après liquéfaction par hydrolyse, suivie d’une méthanogénèse effectuée sur lit bactérien fixe au sein d’un réacteur spéci-fique baptisé « Hyfad ». Un réacteur post-méthanisation étant également installé. La séparation des différentes phases de la bio-méthanisation en deux cuves successives permet d’ajuster les paramètres de ces différentes réactions indépendamment l’une de l’autre. La forte acidité de la première étape est ainsi maîtrisée lors de la seconde. Cette innovation majeure permet d’accroître considérablement la robustesse, la fiabilité et la souplesse d’utilisation de l’unité de méthanisation. Le coeur de la technologie désigné sous le terme « Flushing Anaerobic Digestor » (FAD) s’appuie sur un design original et breveté de digesteur-méthaniseur à haut rendement intégrant un dispositif de dé-colmatage et de renouvellement du bio-film. Les deux cuves du méthaniseur sont reliées entre elles ce qui permet de réaliser un largage de liquide à grande vitesse d’une cuve vers l’autre. Ceci forme une vague assurant la régulation de l’épaisseur du biofilm bactérien et donc les perfomances du « Hyfad ». A noter, que le digesteur offre également une solution simple et efficace pour l’épuration des eaux chargées en Demande Chimique en Oxygène (DCO). L’implantation de Moissac confirme aujourd’hui la viabilité économique du procédé qui avait été validé au plan technique dès 2008 sur une installation en Belgique (Nivelles) fonctionnant à partir de déchets d’endives. Avec la création de GreenWatt Ingenierie, l’entreprise s’apprête maintenant à transformer l’essai en France. Des contrats ont été signés pour deux unités alimentées par des racines d’endives et pour une installation à base de carottes située dans les Landes.

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