Greenflex : « Ne pas dissocier l'eau de l'énergie. »

Le 13/11/2025 à 9:39 par La rédaction

Face aux tensions hydriques croissantes en période estivale, les industriels misent sur la performance énergétique et une meilleure gestion des ressources en eau. Entretien avec Vincent Amy, directeur du département BEAR chez GreenFlex, qui regroupe le Bureau d'études, les Achats et la Réalisation.

POUVEZ-VOUS PRÉCISER LES MISSIONS MENÉES PAR GREENFLEX ?

Vincent Amy : La vocation de GreenFlex est d’accompagner les industriels dans tous leurs enjeux de développement durable, de décarbonation et d’efficacité énergétique. Via notre expertise et notre conseil, nous les accompagnons depuis les premières réflexions jusqu’à la réalisation des projets, pour que ces derniers soient en phase avec les objectifs de réduction de consommation d’énergie, de trajectoire bas carbone, de réduction des consommations d’eau, etc. Nous sommes aussi capables d’amener la dimension financement, notamment à travers les Certificats d’économie d’énergie (CEE) et le tiers financement, en gardant en tête que nous devons autant que possible protéger le CAPEX des industriels. Après la phase de conception et de dimensionnement de l’installation, nous sommes responsables devant l’industriel de la bonne réalisation du projet par les sous-traitants.

POURQUOI LES INDUSTRIELS FONT-ILS APPEL À VOUS ?

V. A. : Les petites ou grandes structures industrielles peuvent faire appel à nous pour différentes raisons. D’abord, ils peuvent avoir un besoin de connaissance : il n’est pas toujours évident d’avoir la vue d’ensemble nécessaire pour mener les projets. Ensuite, certains clients peuvent avoir des services d’ingénierie en interne, mais manquer de temps pour assurer correctement les missions. En lien avec un responsable de projet chez l’industriel, nous cherchons d’abord à comprendre les besoins du client pour ensuite définir des trajectoires à suivre. Nous définissions des actions qui doivent mener à une installation conforme aux attentes. Nous accompagnons des industriels de secteurs divers et variés, avec une dominante en agroalimentaire, en pharmaceutique et en chimie.

COMMENT RÉAGISSENT LES INDUSTRIELS FACE AUX RISQUES DE STRESS HYDRIQUES ?

V. A. : Si vous aviez posé la question il y a plus de 3 ans, nous en aurions certainement assez peu parlé. L’année 2022 a été charnière puisque certaines usines ont été arrêtées sur décision des préfectures pour cause de stress hydrique. Les industriels ont pris conscience que l’eau était une ressource importante et qu’elle pouvait conditionner la production. S’en suit une série de questions : quels sont les risques pour l’entreprise si l’eau n’est plus disponible ? Combien cela coûte ? Combien de temps la production est arrêtée ? Les industriels s’attèlent aujourd’hui à définir le coût global de l’eau, en prenant notamment en compte l’énergie, les produits chimiques nécessaires au traitement ou encore le coût de la rupture d’adduction d’eau.

GreenFlex se présente comme un partenaire des industriels pour la tranformation énergétique, environnementale et sociétale.

QUELLE EST VOTRE STRATÉGIE POUR ACCOMPAGNER LES INDUSTRIELS ?

V. A. : Lorsque nous questionnons les industriels, nous nous rendons compte qu’ils ont souvent craint les coupures de gaz, mais qu’ils ont aussi peur de manquer d’eau pour assurer leur production. Si une préfecture impose par exemple une restriction d’eau à hauteur de 30 %, il est très compliqué pour une usine de baisser sa production pour atteindre ce chiffre car il n’y a pas de proprotionnalité : c’est souvent toute l’usine qui s’arrête. Chez GreenFlex, nous partons du principe que l’eau est le vecteur de l’énergie : nous associons toujours l’eau avec l’énergie. Au travers des échanges avec l’industriel, nous déterminons la marche à suivre pour atteindre les objectifs et le mettre en sécurité vis-à-vis de la ressource.

GreenFlex propose un accompagnement de A à Z aux industriels, de de la conception de leur feuille de route jusqu’à leur mise en place opérationnelle et leur suivi dans la durée.

POUVEZ-VOUS ILLUSTRER PAR DES CAS CONCRETS ?

V. A. : Nous pouvons prendre l’exemple d’une tour de refroidissement : refroidir l’eau par ce moyen, c’est consommer de l’électricité nécessaire au fonctionnement des ventilateurs. Et en refroidissant, l’eau s’évapore. Donc, à un instant T, l’industriel a perdu de la chaleur et de l’eau. Nous avons pu réaliser des projets en industrie agroalimentaire permettant d’exploiter ce gisement de chaleur, souvent non négligeable, pour produire de l’énergie et alimenter les applications NEP. Puisque l’eau arrive bien plus froide dans la tour de refroidissement, il y a moins de calories à évacuer. L’industriel économie dans le même temps de l’eau et du gaz. Pour donner un autre exemple, nous sommes actuellement en phase de démarrage d’une installation de méthanisation en phase liquide pour des effluents agroalimentaires chargés en sucre et en gras. Le biogaz produit est réinjecté dans l’usine, qui réalise alors une autoconsommation. L’industriel produit entre 95 et 98 % de son biogaz directement sur son site. L’utilisation du gaz naturel ne sera liée qu’à un incident.

QUEL MESSAGE SOUHAITEZ-VOUS PARTAGER À NOS LECTEURS ?

V. A. : Encore une fois, il est pour nous primordial de ne jamais dissocier eau et énergie. Aussi, nous constatons que les industriels ont tendance à gérer ses projets de façon indépendante, avec des responsables techniques qui travaillent sans réelles synergies. Il est important de prendre de la hauteur, de préparer des feuilles de route et de définir des actions.

Installation de récupération de chaleur sur TAR pour valorisation en direct sur des besoin à 40 °C et valorisation via une pompe à chaleur pour les besoins à 85 °C.

GREENFLEX PASSE ENTRE LES MAINS DU GROUPE OTEIS

Le groupe TotalEnergies a annoncé le 20 octobre 2025 qu’il cédait sa filiale GreenFlex au groupe Oteis. Ce projet de cession s’inscrit pour TotalEnergies dans le cadre de sa stratégie de focaliser ses activités sur la production et la fourniture d’énergies. Groupe français indépendant de conseil et d’ingénierie, Oteis exerce dans de multiples domaines d’activités : bâtiment, eau et aménagement, ouvrages d’art - génie civil, industrie et process. Dans un rôle de conseil, d’assistance à maîtrise d’ouvrage ou de maîtrise d’oeuvre, Oteis accompagne les acteurs publics et privés à chaque étape de leurs projets : programmation, faisabilité, conception, construction, exploitation-maintenance, rénovation-réhabilitation.